L’année 2016 fut une année de forte volatilité, bouleversée à plusieurs reprises par des échéances politiques et des incertitudes économiques. Le Brexit, l’élection de Trump, et le referendum italien ont été des votes majeurs qui, bien que rapidement assimilés par les marchés, continueront d’impacter la croissance en 2017. Mais aujourd’hui, l’influence principale sur les marchés financiers ne provient plus de la politique. A présent, les taux directeurs redeviennent le sujet central.
Car c’est finalement à la mi-décembre que la présidente de la FED, Janet Yellen, a annoncé la remontée des taux attendue. Une hausse d’un quart de point, complétée par l’annonce de trois probables hausses en 2017. Cependant, si la FED invoque la solidité économique des Etats-Unis, il faut faire état d’indicateurs parfois contradictoires. La situation n’est pas aussi claire que souhaitée et devant l’incertitude de la politique budgétaire, la FED restera prudente.
Sur les actions américaines, l’élection a eu un impact conséquent, revitalisant le Dow-Jones jusque-là relativement stable et qui finit l’année à +12%, et le Nasdaq après une année des plus volatiles (+7%). 2017 pourrait s’orienter vers une stabilité relative, soumise à l’incertitude de la stratégie Trump. Les prévisions de croissance sont en baisse et le dollar toujours plus fort (au 2 janvier 1 € = $ 1,046).
L’Union Européenne a dû faire face à la concrétisation de l’euroscepticisme via le Brexit et le vote Italien. La décision surprenante du Royaume-Uni se trouve aujourd’hui freinée par les multiples obstacles qui se dressent. La sortie ne se fera ni rapidement ni simplement. Face à ces incertitudes, la BCE se veut toujours rassurante en épaulant les banques et en continuant son programme de rachat d’actifs. Ainsi, les marchés ont pu reprendre un peu de confiance en cette fin d’année. Le CAC termine l’année à plus 4 850 points (soit une performance 2016 avoisinant les 4%), et L’Euro Stoxx 50 à 3 290 points terminant ainsi l’année à son niveau d’entrée. Le premier trimestre s’annonce moins riche en échéances et la croissance stable retrouvée au cours des dernières semaines pourrait se maintenir avec la remontée des taux, et le retour des investisseurs sur les marchés actions.
Le marché des taux a touché des niveaux historiques en zone Euro cette année avec un OAT 10 ans français oscillant sous les 0,30% pendant tout l’été. Avec l’élection de Trump et la remontée des taux de la FED, l’impact se fait déjà sentir et la hausse de fin d’année nous approche à présent de 0,8% sur l’OAT 10 ans. Cette remontée met fin à un créneau des plus avantageux pour le crédit et pourrait sonner le début d’une phase progressive de croissance des taux en Europe, dirigée indirectement par la FED. Cela pourrait entrainer une remobilisation progressive sur les marchés actions (en décollecte forte sur 2016).
La perturbation de ce début d’année pourrait provenir de la Chine, dont l’impact sur les marchés internationaux est toujours des plus importants. Avec une croissance estimée encore en baisse pour 2017 à 6,5%, le rééquilibrage se poursuit et malgré ces prévisions, les indices manufacturiers progressent. Ces indicateurs contradictoires apportent l’incertitude sur les marchés, qui ne savent sur quel pied danser. Les actions chinoises finissent une année volatile avec des résultats relativement faibles mais illustrant un bon contrôle de la chute de la croissance du pays sur la période.
Les autres émergents sont menés par l’Inde qui devrait rester un pays moteur à forte croissance, autour de 7% annoncés pour 2017. La récession brésilienne historique et les troubles politiques, n’ont pas empêché le pays d’avoir de bons résultats économiques, avec des marchés plus optimistes (en toute relativité). Les bénéfices des exportations s’ils se maintiennent pourraient aider à améliorer la situation. Les économies africaines devraient quant à elles bénéficier de la hausse mécanique des prix du pétrole suite aux accords de l’OPEP (le Brent est aujourd’hui supérieur à 55$ après être passé sous les 30$ au mois de mars).
Enfin, sur le secteur immobilier français, l’année 2016 confirme la reprise annoncée en 2015 avec une croissance importante des transactions immobilières, motivées par des taux au plancher et un pouvoir d’achat en hausse. Le secteur de l’immobilier de bureaux a aussi profité fortement de cette tendance et a vu les acquisitions se multiplier. Le Brexit pourrait aussi avoir des conséquences positives sur la relocalisation de certaines grandes entreprises. L’immobilier commercial progresse aussi, avec notamment des acquisitions exceptionnelles à Paris. Cet engouement s’observe sur le marché des SCPI qui bat des records de collecte en 2016. En parallèle de cette collecte, le rendement se tasse légèrement avec une moyenne annoncée pour 2016 de l’ordre de 4,60% pour les SCPI de bureaux et de commerces. Pour l’heure, 2017 devrait être une année de stabilisation pour les SCPI, avec un maintien des acquisitions et des loyers.
En conclusion, les perspectives pour l’année 2017 sont mitigées et appellent à la prudence. Les principaux éléments perturbateurs pourraient provenir de la croissance chinoise et de la nouvelle orientation de l’économie américaine. La Zone Euro pourrait continuer à bénéficier de marchés actions porteurs sur le premier trimestre, motivés par le retour des investisseurs. Cela étant, si 2016 nous a prouvé quelque chose, c’est que la surprise pouvait frapper de toute part, et qu’une diversification en adéquation avec le risque toléré en est l’unique véritable parade.