Retour sur le 1er trimestre 2017
La reprise des marchés initiée en novembre 2016 se poursuit. Après un début d’année attentiste et atone, la volatilité a fait rapidement son retour nous offrant un premier trimestre de croissance. Les échéances politiques au sein des deux plus grandes puissances de la zone Euro semblent, à l’heure actuelle, freiner les investisseurs. Aux Etats-Unis les attentes portent sur le programme budgétaire de l’administration Trump en parallèle d’une nouvelle augmentation des taux.
L’Europe est au centre des marchés en cette année 2017. Avec les négociations du Brexit engagées, la politique est le sujet principal. Les marchés internationaux redoutent un éclatement de l’Union suite au départ des britanniques, mais à l’heure actuelle l’attentisme est privilégié. Après un vote rassurant aux Pays-Bas et la volonté affichée de l’Ecosse de se maintenir dans l’UE, la panique laisse place à un calme tout relatif qui porte les marchés dans une croissance timide. Si les indicateurs économiques s’améliorent, cette croissance reste cependant freinée par des attentes politiques, les élections présidentielles françaises et les législatives allemandes ayant lieu en mai et en septembre. La méfiance vis-à-vis des sondages est accrue. Les investisseurs se montrent donc très prudents et les flux ne reviennent pas encore sur les actions européennes. Cela étant dit, les valorisations renouent avec 2015, et sur les 6 derniers mois l’Euro-Stoxx 50 a progressé de 15,9% (3 474 points au 03/04), le CAC 40 a augmenté de 14,3% (5 090 points au 03/04), et pour l’Allemagne, le Dax a repris 15,29% (12 257 points au 03/04).
Aux Etats-Unis, la tendance est aussi forte sur les marchés actions, avec des croissances de plus de 10% pour les trois principaux indices (Nasdaq +11% ; Dow Jones +12,70% et S&P 500 + 19,74%). Les valorisations touchent des niveaux encore jamais atteints mais les attentes sont encore élevées. En effet, les difficultés rencontrées par l’administration Trump sur les sujets de l’immigration et de l’assurance santé n’ont pas eu d’effet négatif sur les valorisations. La raison principale est, qu’après deux échecs importants, l’administration devrait essayer de se rattraper par sa politique budgétaire favorisant les entreprises. Les réductions d’impôts attendues impacteraient donc directement les valorisations des actions dopant la dynamique des marchés sur les prochains trimestres. 2017 devrait être une année charnière pour les Etats-Unis, car même si les indicateurs de consommation et d’emploi sont bons, la croissance du PIB continue de freiner (une moyenne de 1,6% sur 2016 contre 2,6% en 2015), une réaction se fait attendre.
La FED a de son côté remonté à nouveau ses taux d’un quart de point en mars, donnant aux marchés des signaux rassurants pour l’économie américaine mais aussi vis-à-vis de la stabilité internationale. C’est la seconde hausse en moins d’un semestre, ce qui pourrait être positif après un trou d’un an entre décembre 2015 et décembre 2016.
Cette remontée des taux touche aussi les acteurs Européens. En France l’OAT à 10 ans a franchi le seuil des 1% au premier trimestre, poussée par la FED mais aussi par les résolutions nouvelles de la BCE de réduire les proportions du quantitative-easing (rachat massif d’obligations) à partir d’avril. Le calendrier de la BCE est maintenant au cœur des discussions, la remontée des taux étant certaine, l’interrogation porte maintenant sur la date. Elle attendra probablement les élections françaises et allemandes pour se prononcer.
La Chine semblerait presque en retrait à l’heure actuelle sur les marchés. La tendance de 2016 se poursuit (en toute relativité). La croissance est à un niveau historiquement bas avec un PIB qui évolue aux alentours de +6,7%, une conséquence attendue de l’augmentation des dépenses publiques et des taux d’emprunts relativement bas. La transformation et le rééquilibrage du pays se poursuivent avec un marché immobilier qui bondit en parallèle d’une consommation des ménages en forte augmentation. Face à cela, le secteur industriel est en surcapacité et l’Etat lutte pour maintenir une demande par des investissements importants. Mais les sites industriels qui se trouvent à l’abandon sont en augmentation.
Pour ce qui est du pétrole, les cours ont renoué avec la stabilité depuis le mois de juin. Une stabilité relative, aujourd’hui bousculée par les Etats-Unis. L’OPEP avait réussi à trouver un accord limitant la production des pays membres, mais les Etats-Unis semblent en avoir profité pour augmenter leurs stocks. Un élément perturbateur à surveiller dans les prochaines semaines.
Enfin, sur le marché des devises, nous noterons le léger retour en grâce de la monnaie européenne ces dernières semaines. Le vote des Pays-Bas rassurant les marchés, la devise en a profité pour se reprendre légèrement face au dollar (1€= 1,065$ au 31 mars). La 7-30 valeur devrait tout de même rester soumise à la spéculation au cours des prochains mois. La livre sterling reste quant à elle sans évolution particulière depuis le vote (1£=1,16€ au 31 mars), illustrant l’attentisme général avant les négociations effectives du Brexit. Pour ce qui est du Yuan, la politique accommodante de la banque centrale chinoise garde la devise dans ses gonds, à une valeur toujours aussi faible dans la poursuite du rééquilibrage.
L’année 2017, malgré des conditions économiques plus favorables, porte en elle des risques multiples. Les élections en Europe, le pétrole et la politique budgétaire des Etats-Unis seront des éléments qui pourraient avoir une incidence sur la volatilité et sur les taux. Et si les marchés ont fortement progressé sur les 5 derniers mois, sachons raison garder, car des bouleversements peuvent provenir de toute part.