Le 18 octobre 2019 l’émission était consacrée à l’Investissement Socialement Responsable (ISR), Pascale Baussant (fondatrice du cabinet Baussant Conseil) faisait partie des invités.
Partie I : L’Investissement Socialement Responsable monte en puissance chez les institutionnels mais également chez les épargnants
Plusieurs études montrent que de plus en plus d’épargnants sont à la recherche de sens pour leurs placements. 6 français sur 10 déclarent accorder une place très importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placement. Evidemment, les acteurs de l’épargne ont su réagir, et on voit fleurir depuis quelques années une offre de produits dits « éthiques ». Mais malheureusement, on constate que peu de ces produits sont finalement connus du grand public.
Pour Pascale Baussant, ces produits ISR ne sont pas assez connus, et c’est pour elle tout le cœur du sujet. Tout d’abord, le problème vient de la compréhension dû au nombre d’acronymes qui existe. Entre ISR qui peut correspondre au label, ESG qui peut signifier les critères extra financiers pris en compte dans les gestions, la RSE etc. Forcement, il est compliqué d’avoir une demande spontanée de la part du client final, c’est même rare. Car le client ne connait pas l’existence de ce type de gestion. Mais ceci est en train de changer progressivement.
Le Président du Directoire de la société de gestion Ecofi, Pierre VALENTIN, essaie de donner une définition simple de l’ISR. Pour lui, cela consiste à gérer des portefeuilles en prenant en compte non seulement des critères financiers mais aussi des critères extra financiers. Ces derniers sont essentiellement des critères liés aux performances environnementales des entreprises, en matière sociale et de la qualité de la gouvernance : les fameux critères ESG. Cela signifie donc que certaines sociétés vont être écartées du scope. La société de gestion Ecofi ne propose à ses clients que des fonds 100% ISR. Mais tous n’ont pas le même niveau d’intensité et d’exigence. Ceux qui sont les moins exigeants sont battis sur une exclusion d’au moins 20% de l’univers d’investissement. Pour les fonds les plus engagés, les gérants excluent à peu près 60% de l’univers d’investissement.
Pascale Baussant rebondit et indique être totalement d’accord sur le fait que c’est aux professionnels de faire de la pédagogie sur ce sujet auprès des épargnants. Pour tout d’abord leur dire que cela existe, qu’il y a un réel impact que ce n’est pas du tout anecdotique. Mais surtout que ce type de placement est disponible dans des enveloppes classiques comme l’assurance vie, l’épargne retraite etc.
Partie II : Comment s’y retrouver dans la jungle des labels et des acronymes? (ISR, ESG, RES, Greenfin, Finansol) ?
La jungle des labels rend difficile l’accès à ce type de gestion. Il est donc indispensable que tous les professionnels s’entraident afin d’y voir plus clair sur ce sujet. Le label ISR est utile, en particulier pour les personnes physiques. Mais il faut aussi pouvoir aller au-delà du label car chaque société de gestion a sa propre approche ISR. Il y a en effet un tronc commun mis en place par le label avec notamment une obligation de transparence sur la sélection des valeurs.
On distingue aujourd’hui donc 3 labels :
– Le label ISR dédié à l’investissement socialement responsable,
– Le label Finansol accordé aux produits d’épargne solidaire,
– Le label GreenFin qui concerne les fonds d’investissement vert.
Pour Pascale Baussant, les labels permettent un accès plus simple aux investissements plus durables et responsables. On peut aller facilement sur le site du label et voir la liste des fonds (comme maintenant cette liste devient assez large, il est utile d’être accompagné par un conseiller). Mais en tous cas, l’offre existe et elle commence à être lisible.
On remarque aussi que les clients sont quelquefois en avance sur leur conseiller concernant cette question. La population des CGP est donc poussée par les clients eux-mêmes.
Ecofi rappelle faire partie des sociétés de gestion pionnières dans ce type de gestion de portefeuille. Déjà en 2000, la société créait une SICAV ISR.
Partie IV : La performance des fonds est-elle au rendez-vous ? La Loi Pacte va-t-elle dynamiser la collecte sur les fonds ISR ?
Il faut chercher le bon équilibre entre décorrélation, volatilité et performance. C’est une des très vieilles interrogations sur le sujet de l’ISR : la performance. De très nombreuses études ont été faites sur ce sujet. Quelques études montrent que l’ISR pénalise la performance, mais beaucoup plus d’études prouvent le contraire. On peut ainsi s’accorder à dire qu’au pire l’ISR entre dans la neutralité, et qu’au mieux il permet d’obtenir une surperformance. Cela est d’ailleurs très logique car l’ISR oblige une analyse bien plus fine et minutieuse d’un certain nombre de critères de l’entreprise et de facteurs de risques. L’ISR emmène ainsi très souvent à une performance supérieure. On parle souvent uniquement de la performance financière et rarement de la performance extra financière. Mais cette dernière est pourtant bien concrète. Elle s’appuie par exemple sur le vote aux assemblées générales ou alors le fait de faire partie d’une coalition d’acteurs qui peut déposer des résolutions qui ne rentrent pas dans le management de l’entreprise. Quand la stratégie climat de l’entreprise n’est pas claire, les sociétés de gestion peuvent l’influencer en tant qu’actionnaires.
Pascale Baussant se dit très attachée à la cohérence : entre la responsabilité adoptée en interne et les fonds que son cabinet propose. Elle pense qu’il est compliqué de promouvoir des fonds responsables et ne rien faire en interne. En outre, cela permet de mettre en avant de vraies valeurs et donne confiance au client.