Bertrand Saraux est DG d’Air Liquide en Turquie. Salarié du groupe depuis près de 35 ans, il nous présente son parcours et nous parle de son poste actuel. Interview réalisé par Pascale Baussant le 10 avril 2019.
J’ai rejoint l’Air Liquide au début des années 80, un peu par hasard. Je suis ingénieur agronome de formation, j’ai fait une thèse de docteur ingénieur ainsi qu’un MBA, et je cherchais un emploi en entreprise. La biotechnologie était à la mode dans les années 80, et l’Air Liquide avait une filiale qui fabriquait des bactéries pour l’industrie laitière. J’ai passé 7 ans dans ce service de recherche. Cette activité a été un succès mondial mais a été vendue à Rhône-Poulenc. J’ai donc été vendu avec ! Au bout de 2 ans, j’ai souhaité revenir à l’Air Liquide, dont j’avais apprécié l’ambiance et l’atmosphère. Au bout de quelques années, je suis parti au Japon pendant 5 ans. Cette expérience a été très riche (découverte du pays, façon de faire du business…). Ensuite j’ai été DG du Portugal, et après 9 ans d’expatriation je suis revenu à Paris. Il est toujours intéressant de partir d’un pays, on en revient avec un regard neuf. Je suis revenu en France, j’ai découvert une nouvelle France avec les 35h, la carte vitale et l’Euro ! Je me suis occupé « d’européeaniser » plus encore l’Air Liquide.
Depuis 2017, je suis en effet DG de la filiale turque de l’Air Liquide (170 salariés, environ 50 millions d’euros de chiffre d’affaires). C’est une filiale récente, nous avons créé ce marché en Turquie qui n’existait pas (gaz liquéfié ou bouteilles hautes pression), et nous y avons investi environ 150 millions d’euros. Le développement est tout à fait satisfaisant, et nous avons signé des contrats long terme. La moyenne d’âge des salariés de cette filiale est très jeune : 33 ans, un peu à l’image du pays. Le changement est extrêmement rapide en Turquie. Par exemple, l’inflation en 2018 est passée de 7 à 25% en l’espace de trois mois, ce qui nous a amené à nous adapter très rapidement.
Une entreprise vit dans un écosystème qui comprend : des employés, des clients, des fournisseurs, et la société civile. Une entreprise doit prendre en compte tout cet environnement. Au niveau des employés, l’Air Liquide a un objectif fort depuis 30 ans : zéro accident. Le taux d’accident a réussi à être quasiment divisé par 10, les efforts ont été considérables. Nous prenons également en compte le taux d’accident de nos sous-traitants (nos transporteurs par exemple). C’est selon moi une bonne illustration de notre sens des responsabilités. Nous avons également un objectif très fort d’employer nos salariés sur le long terme. Les carrières techniques sont tout autant valorisées que les carrières de management. Une des forces d’Air Liquide réside aussi dans son actionnariat, qui est très stable. 30% du capital est détenu par des particuliers. De façon générale, l’Air Liquide est engagé dans la société civile, et se situe notamment au cœur de la transition énergétique (avec par exemple l’hydrogène mobilité qui permet de réduire l’empreinte carbone) et se donne des objectifs encore plus ambitieux.
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