En ce dernier jour du mois de juin, les principales Bourses européennes, hormis Francfort, terminent dans le rouge. Le contexte politique lié aux élections en France a pris le dessus cette semaine, reléguant au second plan la publication des indicateurs macroéconomiques en Europe et aux États-Unis. Le CAC 40 clôture à 7479 points, affichant une baisse de près de 2% sur la semaine, de 9% au deuxième trimestre, et une perte de 1% depuis le début de l’année. En revanche, les indices américains, tirés notamment par les valeurs technologiques, montrent une dynamique différente, le Nasdaq atteignant même un nouveau record historique.
Au début de l’année, l’économie européenne semblait prometteuse avec une reprise naissante des exportations et de la consommation, mais cette tendance n’a pas duré. Les indicateurs économiques montrent maintenant des signes de ralentissement, avec une baisse des nouvelles commandes dans l’industrie et une diminution de la confiance dans les services. La croissance économique des premiers mois de l’année, qui était de 0,3%, pourrait ne pas se maintenir. Notons que la désinflation a permis à la Banque Centrale Européenne d’amorcer une première baisse des taux en juin.
Sur les marchés financiers, les investisseurs se montrent prudents et attentistes face à l’incertitude politique, notamment en France. Le flou règne sur l’issue des prochaines élections législatives. Déjà affaibli par la dégradation de la note de la France par S&P à AA-, le taux d’emprunt de l’État français à 10 ans a augmenté de près de 20 points de base (+0,20%) depuis le 9 juin 2024, jusqu’à atteindre 3,25%. Depuis, l’écart avec l’Allemagne s’est creusé pour se stabiliser à 80 points de base. Le rendement à 10 ans des OAT (Obligations Assimilables au Trésor) a progressé de 70 points de base environ depuis le début de l’année. Pour les épargnants, la situation actuelle représente à la fois des risques et des opportunités. L’incertitude politique peut peser lourdement sur les actions des grandes entreprises, en particulier celles des banques. Cependant, l’histoire récente montre que la volatilité des marchés obligataires européens liée à ces risques politiques tend à être temporaire. La Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé à plusieurs reprises qu’elle dispose de nombreux outils pour prévenir l’instabilité financière causée par une divergence trop importante des rendements obligataires entre les pays de la zone euro et l’Allemagne.
Aux États-Unis
La consommation ralentit, mais cela pourrait être compensé par une augmentation des investissements. Ces investissements sont encouragés par des politiques industrielles favorisant la relocalisation, la décarbonation, ainsi que la course à l’armement et à l’intelligence artificielle (IA). Par conséquent, un atterrissage en douceur de l’économie, bien que partiel, reste probable. Cela pourrait permettre à la Réserve fédérale de commencer à abaisser les taux d’intérêt sur le deuxième semestre de l’année. Cependant, le ralentissement économique pourrait poser des difficultés pour Joe Biden lors de l’élection de novembre. Si les Républicains gagnent, ils pourraient mettre en place des politiques économiques menant à la stagflation, avec des tarifs douaniers et des réductions d’impôts non financées. Bien que la déréglementation puisse stimuler la croissance potentielle, ces mesures pourraient avoir des effets économiques négatifs.
L’économie chinoise affiche quant à elle une croissance de 4% grâce à des mesures de relance à court terme, mais les moteurs de cette croissance montrent des signes de faiblesse. Les exportations chinoises sont freinées par un protectionnisme croissant en Occident et le secteur industriel, déjà très endetté, atteint ses limites. À moyen terme, la politique étrangère de Xi Jinping est incompatible avec un modèle de développement basé sur les exportations. De plus, la Chine a besoin de maintenir des taux d’intérêt réels négatifs pour gérer sa dette interne. Cependant, une dévaluation du yuan qui en résulterait provoquerait une nouvelle vague de protectionnisme mondial, aggravant les problèmes économiques du pays.
En plus des tendances économiques nationales, la géopolitique jouera un rôle de plus en plus important dans l’économie mondiale d’ici la fin de l’année. Une nouvelle « guerre froide » oppose les États-Unis et leurs alliés à une alliance entre la Chine, la Russie et l’Iran. Ce conflit prend la forme d’une guerre commerciale et financière, ainsi que d’une course aux armements et aux nouvelles technologies Les experts s’attendent à une intensification de ces tensions au cours du second semestre de l’année. Ce nouveau contexte géopolitique augmente les risques de chocs inflationnistes dus aux perturbations de l’offre, mais il stimule également un cycle de dépenses d’investissement. Ces tensions révèlent un besoin urgent de réindustrialisation en Occident.
Les allocations diversifiées sont assez peu exposées à la bourse française (souvent moins de 10%) et les secousses des marchés financiers de ces derniers jours ont relativement peu affecté les performances des portefeuilles. Dans ce contexte chahuté, nous recommandons la diversification, la patience et le sang-froid.
Nous serons évidemment très attentifs aux conséquences des résultats de ces élections françaises, qu’elles soient économiques, financières ou fiscales, et nous serons à vos côtés pour vous accompagner au cours des prochains mois.
Article écrit le vendredi 28 juin 2024.
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